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Val de Loire Une centaine de vignerons réputés remettent en cause le système des AOC

TOURS, 3 fév (AFP) - Des vins de très bonne qualité mais atypiques n'obtiennent pas l'appellation d'origine contrôlée (A0C) et doivent être vendus en vins de table, s'insurgent des vignerons français réputés, réunis le week-end dernier dans le Val de Loire, a-t-on appris lundi de source viticole.

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Regroupés sous forme d'un réseau informel baptisé "Vignerons dans nos appellations", cette centaine de vignerons de toute la France reproche au système des A0C actuel de conduire les vins français à "un nivellement par le bas".

Une cinquantaine d'entre eux a tenu samedi à Montsoreau (Maine-et-Loire) une réunion de réflexion avant de recevoir 400 cavistes, restaurateurs et importateurs.

"Nous demandons solennellement aux responsables du gouvernement, s'ils veulent +sauver+ le système des AOC dans le respect de l'environnement et de l'information des consommateurs, de prendre les mesures qui s'imposent", ont-ils affirmé dans un texte qu'ils ont remis au ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard.

Le réseau comprend des vignerons d'une certaine notoriété comme Aubert de Villaine, vigneron du célèbre cru bourguignon de la Romanée-Conti, Anselme Selosse en Champagne, François des Ligneris à Saint-Emilion, Jean Thévenet à Mâcon, Aimé Guibert, vigneron au Mas de Daumas Gassac dans l'Hérault...

Sans être tous engagés dans l'agriculture biologique, ils revendiquent le respect de l'environnement et l'attachement au "vin naturel".

"En cultivant nos sols, en limitant les produits phytosanitaires, en vendangeant à maturité, en refusant la machine à vendanger, en vinifiant sans chaptaliser, sans levures artificielles et avec des doses minimales de soufre, nous faisons tout pour respecter au mieux l'expression du terroir", a expliqué Patrick Baudouin (Coteaux du Layon).

"Et pourtant, la plupart d'entre nous se sont vu refuser l'agrément en AOC car nos vins sont jugés atypiques, c'est un comble", s'est-il insurgé.

Parmi ces vignerons, beaucoup sont en effet obligés de vendre certaines cuvées en "vin de table", après avoir essuyé un refus d'agrément de la part des commissions de dégustation mises en place par les syndicats d'appellation.

"Nous voulons en revenir au système idéal des AOC, tel qu'il a été conçu au départ", a demandé Marc Parcé (Banyuls et Maury).

"L'AOC doit être donnée aux vins produits dans le respect du terroir, du sol et de la démarche culturelle et historique de l'appellation."

Même si quelques-uns ont des responsabilités syndicales, la plupart estime, comme Marcel Richaud, vigneron dans l'AOC Cairanne (Vaucluse), que "la bataille est déjà perdue pour faire respecter le droit à la différence au sein des syndicats d'appellation".

Ils entendent donc se regrouper et interpeller directement le ministre de l'Agriculture, ministre de tutelle de l'Institut national des appellations d'origine (INAO), pour obtenir une réforme du système.


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